Des forêts sauvages de Pamayacu au désert de glace de la Banquise, en passant par le puissant royaume d’Yrlanie, une vie de voyages ne suffirait pas pour découvrir l’étendue des terres d’Arran. Ces différentes îles et continents aux paysages si différents, abritent des peuples atypiques aux histoires fantastiques.
Les terres d’Ogon sont un immense continent isolé par une faille qui partage le monde en deux, un territoire sauvage et légendaire, peuplée par des tribus aux aspirations multiples. Aussi bien hostiles que pacifiques, leurs vies sont régies par leurs croyances et gare à ceux qui ne les respecteraient pas !
Aquilon est une planète tellurique née dans les profondeurs du cosmos il y a de cela des milliards d’années. Un monde de mythe et de magie recouvert par les océans, qui serait l’œuvre d’un Titan éponyme. Il existe une multitude de légendes sur son origine. Certains de ces récits, parmi les plus anciens, laisseraient sous-entendre que le Titan Aquilon aurait enfanté ce monde pour en faire présent à ses fils et filles les plus dignes. C’est ainsi que des îles et des continents auraient surgi des flots pour être façonnés par des dieux, tel qu’Arran, Ogon ou la déesse Ynuma. Pour les honorer, les premières tribus immortelles auraient nommé ces territoires du nom de ces divinités.
Aux origines, le monde d’Aquilon était encore loin de ressembler à ce qu’il est aujourd’hui. Sa topographie était bien différente, les volcans étaient plus actifs, les fréquentes éruptions libéraient des nuées écarlates ravageant des territoires entiers. Certaines contrées furent englouties et d’autres émergèrent. Les animaux étaient monstrueux, d’immenses sauriens parcouraient les continents. Il y en avait de toutes les tailles, de toutes les formes. Et si certains se nourrissaient essentiellement d’herbes et de feuilles, d’autres étaient de redoutables prédateurs, chassant seul ou en meute. Des rumeurs courent comme quoi il existerait encore un lieu au sud des Terres d’Ogon où certaines de ces créatures auraient survécu.
Les dragons étaient légion, ils n’avaient rien de comparable à ces petits lézards domestiqués par les hommes, appelés des Volants. Ils étaient immenses, intelligents et majestueux. Ils sont restés pendant des millénaires l’espèce dominante. Nul ne sait combien de temps a duré cette période que l’on nomme l’âge des Dragons.
Cette époque prit fin avec une série de catastrophes qui plongea le monde dans le chaos et décima la plupart des grands sauriens. S’en suivit l’âge des Fléaux et l’apparition d’êtres titanesques qui déferlèrent sur les terres d’Arran. Les races émergentes les voyaient comme des dieux destructeurs. Nul ne sait comment ils prirent vie. Enfants de l’eau, de la terre, de l’air, de la nuit, des étoiles, sans doute venus avec les premiers orages qui ont fertilisé le monde. Nés de la boue originelle, ils portaient en eux une puissance sans égale, celle de la première magie.
Des récits datant d’avant les premières écritures racontent que les plus forts d’entre eux dévorèrent les plus faibles, afin de s’approprier leur puissance et leur territoire. Les premières races immortelles telles que les elfes et les Dragons, étaient encore des créatures primitives et pour elles, seule la survie comptait. Ces monstres, aussi hauts que des montagnes, se battirent jusqu’à ce qu’une poignée d’entre eux finissent par se partager le monde. Puis le temps eut raison de leurs instincts primaires et ils découvrirent l’ennui. Ils finirent alors par s’endormir et avec les siècles, leurs corps se fondirent dans le paysage, laissant à la terre les stigmates de leurs affrontements passés.
Ce fut l’avènement d’une nouvelle ère, appelée l’âge des Légendes. Les races immortelles furent les premières à créer un semblant de civilisation. Il leur fallut du temps pour évoluer, mais du temps ils n’en manquaient pas, comme de perspicacité d’ailleurs. Leur accointance naturelle avec la magie leur donnait aussi une ascendance non négligeable sur les autres races. Ces avantages leur permirent de créer les premières cités, en lien avec la nature. Les nains s’offusqueraient d’entendre cela, car selon eux, ils auraient créé des cités à l’intérieur même des montagnes à l’abri des prédateurs bien avant les immortels. Il est vrai que c’est dans la nature même des enfants d’Yjdad d’être contrariants. Quitte à réécrire l’Histoire, ils n’accepteront jamais de passer au second plan, surtout après les Elwës, comme ils les nomment dans leur jargon aux accents pierreux.
Ce fut une période bénie, rien ne pouvait endiguer la soif de connaissance de ces civilisations naissantes. N’ayant plus besoin de se consacrer exclusivement à leur survie, des peuples érigèrent des cités aux tours qui défiaient les cieux. Ils avaient désormais l’éternité pour bâtir, inventer, explorer les différentes facettes de la magie ou encore sillonner le vaste monde…
Les Nains se répandirent dans presque toutes les régions, ils apportèrent la connaissance à certaines races aujourd’hui disparues, créèrent cités, forteresses, routes commerciales… En cette époque, les alliances se faisaient et se défaisaient au gré du temps et des inimitiés grandissantes. Il serait trop long d’évoquer tous les événements marquants se déroulant durant cette incroyable période de l’Histoire. Mais quelques faits importants méritent d’être mentionnés, comme les premières guerres de territoire, souvent provoquées par les nains et leur volonté farouche de revendiquer chaque bout de terre qu’ils exploraient. De manière cyclique, elfes et nains pouvaient être de grands alliés, ou les plus farouches adversaires.
Des conflits éclatèrent entre les peuples et certaines rancunes traversèrent le temps. Les affrontements se sont multipliés, que ce soit contre les légions de peaux vertes ou de races aujourd’hui éteintes. Cette période de l’histoire d’Aquilon se nomme l’âge des Légendes, car certains événements de ces temps reculés font aujourd’hui partie des grandes sagas qui façonnent encore le présent et sert de terreau à la plupart des religions actuelles. Des témoignages tendent à confirmer qu’à cette époque les dieux auraient foulé ces contrées.
Une fois n’est pas coutume, l’âge des Légendes prit fin lors de ce qui fut certainement le pire conflit de l’histoire. Les Elfes en furent les premiers responsables. Vers la fin de cet âge d’or, plusieurs civilisations cohabitaient avec plus ou moins de bonheur. Elles avaient atteint pour la plupart un savoir inégalé que ce soit dans la construction, la guerre, la maîtrise de leur environnement ou la magie. Un conflit opposa les plus grands mages à une race maudite, aujourd’hui éteinte. Les portes d’Hej s’ouvrirent et les ténèbres fuitèrent dans cette dimension. Des mages aux pouvoirs terrifiants furent entraînés dans des batailles cataclysmiques. Les combats furent si violents qu’ils déchirèrent la trame même du monde d’Aquilon, embrasèrent les forêts, déclenchèrent tornades, tsunami, éruptions et pluies acides… L’abus de la magie jusqu’à son extrême limite faillit tout annihiler.
Le chaos se propagea, d’épais nuages obscurcirent les territoires déjà ravagés par la guerre. De puissants démons parcouraient désormais cette dimension. Ceci conclut bien tristement l’âge des Légendes. Certains pensent que c’est à cette époque que le monde se fractura en deux et que, depuis, une immense faille balafre la surface d’Aquilon. Mais les récits sur son origine se perdent dans la nuit des temps. Est-ce un dieu qui aurait naguère séparé les terres d’Arran des terres d’Ogon, pour stopper cette guerre, ou mettre à l’abri sa création ? Ou est-elle le résultat de ce conflit dévastateur, provoqué par les plus puissants mages que ce monde ait connu ? Quelqu’en soit la cause réelle, désormais un gouffre infranchissable divise les continents qui ne sont plus reliés entre eux que par un unique et minuscule bras de terre, farouchement gardé par les Nains de l’ordre du Talion.
Quant aux lointaines terres d’Ynuma, elles souffrent encore de nos jours des conséquences de cette guerre désastreuse. Le Voile, cette frontière diaphane séparant le monde matériel du monde des esprits, s’en trouve à jamais fragilisée et c’est aux moines Dobushi vivant sur l’île montagneuse de Kamitsu que revient la lourde tâche de veiller à ce que cela ne s’aggrave pas.
Après l’obscurantisme vint la lumière. De nouvelles civilisations, notamment humaines, virent le jour.
À cette époque encore, les Hommes voyaient les elfes et les Dragons comme des demi-dieux. Les Nains, quant à eux, avaient tenté de se tenir à l’écart de ce conflit, se retranchant dans leurs forteresses souterraines. Comme tous les êtres ayant vécu à cette époque terrible, ils payèrent un lourd tribut. Ils furent pourtant les premiers à se relever du chaos, et quand le climat finit par s’apaiser, ils sortirent à nouveau de leurs montagnes avec l’intention de rebâtir leur empire tombé en ruine. Mais, avant cela, il fallait soigner les plaies infligées au monde. Il fallut des siècles aux elfes pour redonner leurs splendeurs aux vastes plaines, collines et forêts, utilisant désormais une magie volontairement amoindrie pour ne pas reproduire leurs erreurs du passé. Les Nains, encore guidés par un empereur de la lignée d’Yjdad, se servirent de leurs connaissances du monde souterrain et d’un savoir runique inégalé pour remodeler certains territoires. Tous les continents sont parcourus par des lignes d’énergies qui s’entrecroisent, fusionnent ou se repoussent. Ce sont les courants telluriques. À cette époque, le peuple nain avait appris à domestiquer ces forces pour façonner les paysages. Certaines montagnes, vallées ou même des mers et des îles ont été ainsi créées…
Aujourd’hui encore, les gardiens des alignements entretiennent et restaurent ces sceaux créés par leurs ancêtres, qui canalisent les courants telluriques. Car, s’ils venaient à être brisés, une partie du monde s’effondrerait à nouveau, des gouffres s’ouvriraient, des montagnes s’effriteraient comme du sable et d’autres jailliraient de terre comme des taupinières. À certains endroits, la terre serait engloutie par la mer ou, au contraire, se retirerait jusqu’à l’horizon. Une belle pagaille en perspective ! Mais les gardiens des alignements issus d’une caste ésotérique de l’ordre du Temple veillent sur les sceaux et comme ils disent : « Nos vieux savaient y faire et ça devrait tenir le coup encore quelques millénaires. » Même si une partie de ce savoir ancien permettant de remodeler la terre a disparu depuis des lustres, heureusement pour ces gardiens, ainsi que pour tous les autres peuplent, il leur reste des cartes rares et inestimables, datant de cette époque ancestrale. Ces parchemins sacrés indiquent à l’aide de lignes et de symboles les courants telluriques parcourant le monde. Sans ces informations, il serait impossible de retrouver les lieux où sont cachés les sceaux. On ne peut quand même s’empêcher de penser que même si, à l’époque, ils ont agi dans l’intérêt commun, les nains n’en ont pas moins profité pour s’octroyer de nouveaux territoires extrêmement prometteurs, ce qui généra ultérieurement tension et jalousie.
On nomme cette ère, débutant dans le chaos, l’âge du grand Schisme, car c’est durant cette période de l’histoire qu’elfes et nains des terres d’Arran subirent des événements qui bouleversèrent irréversiblement la nature même de leur société.
Certains elfes Sylvains pensent que cela est dû à un changement de vibration de la Terre-Mère. Lorsque l’unité a volé en éclats, de nombreuses factions se sont créées, donnant par la suite une multitude d’ethnies, comme par exemple les elfes Rouges qui allèrent vivre sur les volcans, ou les elfes Bleus établissant des cités en osmose avec les mers et les océans, mais aussi les elfes des sables domptant les déserts ou les elfes sylvains se réfugiant dans les forêts… Les elfes Blancs, autant par leur aspect que par leur mode de vie, étaient les plus proches des elfes originels d’avant le grand schisme. Ils prirent une place prépondérante auprès des autres peuples, continuant à vivre dans de grandes cités au contact des populations, cela jusqu’au retour des Fléaux…
Cet âge marque aussi la fin de l’empire nain avec la scission entre les fils d’Yjdad et les Nains d’Ufgrim, ainsi que l’avènement des ordres qui encore aujourd’hui régissent la vie de ce peuple. Durant cette période, de nombreuses civilisations partout dans le monde opéreront des changements radicaux. Un âge qui se conclura sur le retour des Fléaux, ces géants issus de la boue originelle portant en eux une puissance sans égale… Le monde les avait oubliés, jusqu’à ce qu’ils se réveillent à nouveau et arpentent un monde transformé par les races qui avaient grandi durant leur absence. Ces titans découvrirent des cités plus hautes qu’eux, des ports insensibles aux plus fortes marées, des routes balafrant les bois et la terre qui étaient les leurs… Et ils prirent ombrage de ces outrages. Ils détruisirent les édifices comme de vulgaires jouets et dévorèrent tous ceux qui tentaient de les combattre. Ceux qui se prosternèrent à leurs pieds subirent le même sort.
Les Fléaux, bien qu’ils fussent peu nombreux, commirent des ravages presque aussi destructeurs que ceux qui marquèrent la fin des différents âges. Des lunes durant, ils anéantirent tout sur leur passage. Les Terres d’Arran connurent parfois quelques semaines d’accalmie, sans que l’on sache pourquoi. De pauvres âmes prièrent les Fléaux, leur sacrifièrent des bêtes et parfois des êtres chers dans l’espoir d’apaiser leur furie. D’autres se donnèrent la mort ou fuirent les cités encore intactes. Les moindres grottes, les plus petites îles reculées devinrent des refuges. Ce que l’on appelait civilisation s’effondra une nouvelle fois. Seuls les elfes continuèrent à croire en l’avenir. La lutte contre les fléaux jusqu’à leur défaite totale eut de lourdes répercussions sur les elfes blancs, les obligeant à s’isoler et à tomber dans l’oubli.
Ainsi s’achève l’âge du grand schisme avec la disparition des Fléaux et commence ce que l’on nomme l’âge des Hommes. Car, de tous les peuples, ce sont les Hommes qui ont le plus profité des dissensions propres aux antiques civilisations. La division a fini par les affaiblir. Les peuples humains, quant à eux, ont proliféré, se répandant comme du chiendent sur toutes les régions du monde.
Contrairement aux terres d’Ogon et d’Ynuma, sur les terres d’Arran, les échecs répétitifs des elfes pour s’allier et partager une vision commune du monde avec les Hommes finirent par les entraîner dans une multitude de conflits. Lassés, les elfes les chassèrent de leurs forêts, de leurs montagnes, de leurs mers… Mais, à chaque génération, l’humanité ne fit que croître, contrairement aux immortels dont la population n’eut de cesse de diminuer.
Même si les rois nains firent leurs fiers-à-bras face à l’arrivée des Hommes, leurs ordres, Talion en tête, comprirent bien vite qu’il fallait inspirer crainte et respect aux nouveaux venus. Les guerriers farouches de l’ordre du bouclier n’ont pas fait dans la dentelle et ont écrasé toutes idées de conquête dans l’œuf. En parallèle, ils ont noué des alliances commerciales. Les Hommes avaient besoin d’alliés et plus encore du savoir-faire nain en matière d’architecture ou d’armement. Cette habile intégration des nains dans l’âge des Hommes a été parfaitement orchestrée par ce qui est peut-être la plus puissante organisation d’Arran, l’ordre du Talion. Ces derniers ont su tirer parti de chaque catastrophe pour s’étendre et s’enrichir, comprenant qu’en maîtrisant les informations et secrets de ce monde, ils contrôleraient leurs alliés comme leurs ennemis.
Pour les orcs et les gobelins, l’avènement des hommes a également changé la donne. Cette jeune race a fait ce que les peuples anciens n’avaient jamais réussi à faire, et cela en raison de rancœurs immémoriales : Ils ont noué des alliances avec des tribus orcs, créant un précédent. Il est vrai qu’encore certaines civilisations humaines honnissent ces créatures, mais les orcs peuvent désormais traverser la plupart des contrées d’Arran dirigées par les seigneurs humains sans être tués à vue. Rapidement, les peaux vertes ont commencé à intégrer des compagnies de mercenaires. Aujourd’hui, les orcs ferraillent aux quatre coins d’Arran, majoritairement pour le compte des humains, ce qui, mine de rien, tient occupée une partie de leurs plus farouches guerriers.
Au fil des siècles, l’âge des Hommes aboutit à la situation actuelle et à de nouveaux événements qui font encore frémir le vaste monde d’Aquilon. Il y a bien des sujets à aborder, comme la création, il y a un millénaire, du Crystal bleu par un elfe noir du nom d’Ulronn, le génocide des elfes Rouges ou encore la mise à sac des îles blanches… Tant de récits restent encore à découvrir et d’exploits à célébrer. Les terres d’Arran, Ogon et Ynuma, ces vastes contrées immortelles qui composent le fantastique monde d’Aquilon sont loin d’avoir encore révélé la plupart de leurs secrets.