Depuis peu, le Pays des Vents subit les raids de pillards. Ces guerriers s’attaquent aux orcs et ne laissent derriére eux que mort et désolation. Ancien khan, Kor’Nyr rassemble les chefs des clans avec la volonté de constituer une force qui écrasera les pilleurs, mais aussi pour qu’ils deviennent un peuple uni, capable de décider de son destin. L’idéal de Kor’Nyr ne fait hélas pas l’unanimité…
Scénariste Sylvain Cordurié
Dessinateur Pierre-Denis Goux
Coloriste Iuliia Leonidovna Pinchuk
La majestueuse cité d’Aspen, bijou du nord, est le centre névralgique des contrées de la Borduria, aussi robuste et solide que ses habitants habitués aux conditions extrêmes. C’est une cité fortifiée et portuaire, chevauchant l’étrange fleuve Lerinn. Elle est considérée par beaucoup comme le dernier grand bastion de civilisation avant de s’enfoncer dans le grand désert de glace, et de découvrir ce que le nord a de plus cruel à offrir. La cité fait office d’avant-poste, de plate-forme commerciale ainsi que de port. C’est l’une des plus belles et puissantes cités de ce continent. Ses murailles sont impressionnantes et il le faut pour résister aux raids de certaines tribus, mais aussi pour se protéger des énormes créatures qui peuplent ces territoires, tels les ours polaires géants, les immenses trolls de glace, ou encore ceux que l’on surnomme les gorilles géants d’Aspen. Elle est dirigée par un régent, dont le dernier en date était un homme du nom d’Helyas.
Il y a des années déjà, lorsque le soleil se couchait, la mort rôdait à Aspen. Ce mal étrange finit par se répandre dans la cité, à la faveur des ombres de la nuit, tuant sans distinction. Le régent Helyas, qui comptait de puissants alliés, envoya de nombreux messages de demande d’assistance, que ce soit aux tribus de la Borduria, au seigneur des elfes bleu Aamnon, aux Yrlanais… Il alla même jusqu’à engager des mercenaires orcs avec de l’argent qu’il n’avait pas. Mais à l’instar de ses citoyens, tous ceux qui se rendirent à Aspen finirent par disparaître. Après un dernier appel au secours d’Helyas, la cité ne donna plus aucun signe de vie. Inquiet, le seigneur Aamnon envoya une expédition qui disparut sans donner de nouvelles. Il dépêcha alors une seconde expédition menée par l’elfe bleue Lanawyn et c’est elle, aidée notamment par l’orc Nerrom, qui découvrit le funeste destin des gens d’Aspen.
Pour beaucoup de chroniqueurs, c’est à Aspen que débuta la guerre des goules. C’est aussi dans cette ville que se conclura le fléau, plus précisément dans la crypte de l’Éveil, située dans la cité. Un nom étrange pour un endroit destiné à un culte quelconque, creusé profondément dans la terre au centre d’un gouffre abyssal. D’après les notes du régent Helyas, c’est là qu’ont été entreposées les reliques de Lah’saa.
Après la guerre des goules, Aspen restera pour un temps une ville fantôme, source de toutes les convoitises.
Aux prémices de la guerre des goules, l’expédition menée par l’elfe bleue Lanawyn est contrainte de fuir la cité d’Aspen avec une poignée de survivants. Ils sont pris en chasse par la nécromancienne Lah’saa à la tête de son armée de goules. Lanawyn est consciente que face à ces inépuisables créatures, ils n’auront aucun moyen de fuir. Puis voyant son ami, l’humain Turin, s’effondrer avec l’orc Nerrom sur son dos, sachant que tout espoir était perdu, elle sent le Crystal bleu l’appeler. Il a besoin d’elle et elle de lui. Pourtant le Crystal est loin, très loin. Elle s’en était débarrassée, effrayée par ses immenses pouvoirs. C’est alors qu’elle comprend qu’une part de lui réside toujours en elle. Alors même que la mort s’apprête à les faucher, la peur disparaît et le pouvoir du Crystal afflue à nouveau en elle. Lanawyn sait précisément quoi faire. La Banquise faite d’eau obéissant au Crystal, elle puise dans son immense pouvoir pour en fissurer la glace et provoquer une gigantesque faille, les séparant ainsi d’Aspen et des goules.
Depuis ce triste épisode, la faille d’Aspen perdure, isolant une grande partie de la Borduria avec le nord du Nodrënn. Lah’saa se servira du fleuve Lerinn pour remplir ce gouffre d’eau et faire traverser ses armées. Par la suite, la faille d’Aspen se vide et se remplit de façon inexplicable. Peut-être le résultat d’une combinaison des résidus d’ancienne magie charriée par le fleuve Lerinn, des pouvoirs résiduels du Crystal bleu et des sortilèges de la puissante nécromancienne Lah’saa.
Après la guerre des goules, de nombreux explorateurs, d’avides pilleurs, ainsi que d’ambitieux et riches marchands tenteront de traverser la ville d’Aspen avec plus ou moins de réussite. Ils seront attirés par les trésors de la cité devenue une ville fantôme ou simplement par les précieux gisements de minerais mis à jour par la création de la faille. Un long et robuste pont de corde sera mis en place par les explorateurs pour franchir la faille et atteindre la cité abandonnée d’Aspen.
La faille provoquée par Lanawyn révélera un nouveau mal sévissant désormais dans la région, découvert par le maître de la tour blanche, à trois cents jetées à l’ouest d’Aspen, sur la berge nord de la faille. C’est dans une caverne contenant trente-trois sarcophages, hauts de deux pas, larges de trois et longs de sept, que naîtra ce mal. La magie scellant ces sarcophages n’est pas de la sorcellerie humaine, mais un art plus ancien, interdit et maudit, qui mène les esprits faibles sur le chemin de la damnation. En brisant leurs sceaux de protection, le maître de la tour blanche libérera d’immenses et monstrueux gorilles. Des bêtes rancunières qui traquent tout ce qui vit, capables de raser une échoppe d’un seul coup de poing ! Le maître de la tour blanche tentera d’utiliser son propre sang pour s’accaparer leurs puissances, mais la corruption le consumera.
Fier bastion nain, digne du savoir-faire ancestral des bâtisseurs de l’ordre du Temple, il s’élève à l’ombre d’une montagne excavée par de robustes poilus depuis des générations. Krüg-Daraz domine une vallée fertile du nord de l’Ourann, alimentée par une rivière sinueuse, à plus d’un millier de kilomètres de la puissante forteresse-État d’Arkar’um. De hautes et épaisses murailles protègent l’enceinte de la ville. Les rues sont larges et pavées, comme tirées au cordeau, bordées par les
nombreux ateliers, échoppes et habitations aux toits bleus.
Deux fantastiques bâtiments font la fierté des habitants de la cité.
Le premier est un imposant temple au toit en dôme, à la gloire d’Yjdad et d’Yjgrun ainsi que de leurs 33 marmouses et 213 petits-marmouses. L’immense entrée est gardée par deux statues aux proportions démesurées. Un long tapis tissé de bleu traverse tout l’édifice vers l’autel, qui est surmonté d’une représentation du Père et de la Mère. De chaque côté des colonnes, de simples et robustes bancs offrent une assise austère aux nombreux dévots qui assistent aux prêches quotidiens.
Le second édifice notable est la résidence du roi de Krüg-Daraz, véritable forteresse dans la forteresse, reliée à la montagne par un viaduc de pierre. Ce palais se pare de grands vitraux par le prisme desquels on peut apercevoir une grande partie de la région. Il domine la cité et s’élève aussi haut que la montagne à laquelle il est rattaché. Les premiers étages sont réservés aux membres de la garde du Bouclier, ainsi qu’aux artisans royaux. Au sommet, on trouve les salles de réception, la salle du trône, les appartements royaux et ceux dédiés aux conseillers et aux hôtes de marques. Différentes ailes de l’édifice sont aussi réservées aux serviteurs et aux nobles de moindre importance.
Lors des banquets, l’odeur des feux de cheminée se mêle aux parfums des mets succulents qui vous chatouillent les narines, tandis que le son des musiciens se fond dans les gloussements et les braillements des nains. L’hydromel coule à flots. Il est d’ailleurs connu que beaucoup de poilus ne se souviennent plus de leur soirée de la veille. Après avoir participé à une telle orgie de vin et de boustifaille, on peut facilement se retrouver dans de beaux draps, surtout quand on se réveille dans le lit de la reine et qu’on n’est pas le roi, pour ne pas citer le comportement du nain Tadgar qui, avec sa troupe de nains dévergondés, met un beau bazar à Krüg-Daraz. Sans vraiment le vouloir, comme à leur habitude, ils provoquent une série d’événements qui met cette belle cité à feu et à sang.