Il a servi dans la compagnie du Croc de fer pendant des années. Sur les champs de bataille, il se faisait appeler « Bourreau », le champion de cette redoutable compagnie de mercenaires. Sa lame était redoutée sur toutes les terres d’Arran. Mais aujourd’hui, c’est un vieux mâle orc, amer, boiteux, arthritique, aux crocs pourris, qui attend la mort en picolant avec ses anciens compagnons d’armes. L’hiver approchant, il a espoir de choper une bonne fièvre qui l’achèverait rapidement, car pour Braagam ce qu’il y a de plus pénible dans la mort, c’est tout ce qu’il y a avant.
Il cherche à se convaincre qu’il ne reste rien du mercenaire respecté et impitoyable qu’il a été, qu’ils n’ont partagé qu’une armure, rien de plus. Il a aussi du mal à faire le deuil de sa femelle Taaga qui a eu la mauvaise idée de se faire bouffer par une bande d’ogres. Mais Braagam va finalement être rattrapé par une vieille promesse pas vraiment faite, ni vraiment tenue, à son ami Tranche-Jarret avant que celui-ci ne cane, celle de s’occuper de ses chiards et de sa femelle.
Or Braagam est bien trop blasé, trop égoïste, trop orc, pour s’engager dans cette voie. Avec le temps et par la force des choses, il va entraîner Azak, un jeune orc, fils de son défunt ami le redoutable Tranche-jarret qui a des problèmes avec le fils du chef du village. En entraînant Azak, Braagam revient peu à peu à la vie, c’est douloureux, mais au fond de lui « Bourreau » est encore présent. Voilà comment il décrit les choses : « Pour la première fois depuis des années j’avais les crocs, j’avais envie de mordre dans un bout de barbaque sanglante. J’avais oublié comment c’était de se réveiller après une bataille, le corps en feu et l’esprit calme comme une mer sans vent. J’aimais cette sensation. Je l’avais toujours aimée. Mais j’avais fini par l’oublier en me noyant dans mes petites douleurs quotidiennes, enseveli sous la décrépitude des ans. J’avais essayé de me convaincre que Bourreau était mort. Mais il était toujours là, cet enfant de salaud. Et j’étais plus aussi certain qu’il me laisserait crever tranquillement dans mon coin. »
En effet, lorsque Azak meurt après avoir défié Tarp, le futur chef du village, Braagam se voit contraint de tenir parole et tue père et fils. Il partira la tête haute, accompagné de la jeune Sharog. Il passera encore huit années à vivre et à faire de Sharog une guerrière accomplie. À la mort de Braagam, Sharog rejoindra la prestigieuse compagnie du Croc de fer et elle gardera le vieux gobelin de Braagam, Z’Ox, à son service.