Ce semi-elfe mérite bien son surnom de prince des enflures ! Il est le seigneur d’une cité hantée, isolée et pauvre, et pas un seul seigneur du nord ne lui a jamais disputé son autorité. Les rares hommes qui ont essayé ont disparu ou ont été assassinés par ses enfants dégénérés. Draek pourrait être le roi des semi-elfes, un des mages noirs les plus puissants du monde ou juste un bonimenteur rusé qui sait bien s’entourer… Mais la vérité est tout autre : c’est à l’origine un semi-elfe solitaire, un rat écumant les cimetières afin de percer les secrets de la mort. Ce chien ouvrait des cadavres, les étudiait et tentait de les ranimer à l’aide de sorts et de vers auxquels il prêtait des pouvoirs sur le dernier sommeil. Il était aussi heureux que peut l’être une tique sur un joufflu… jusqu’à ce que des culs-terreux décident de lui expliquer qu’il fallait cesser de faire des colliers de boyaux avec les restes de leurs proches.
La première fois qu’il s’est fait tuer, ses vers l’ont sauvé et cela malgré la lame noire qui transperçait son cœur. Une lame qu’il n’a pas pu faire retirer sous peine d’aggraver sa blessure et de risquer de mourir de nouveau. Draek a seulement fait scier le couteau et a tué le forgeron qui a tenté de l’aider. Il tenait à ce qu’on le croie mort. Il a alors pu s’inventer un nom et reprendre ses expériences, à une différence près : ses nouveaux sujets étaient vivants. Ces foutus vers se sont nourris du sang semi-elfe en lui. Ils ne l’ont pas seulement transformé physiquement, ils lui ont insufflé de nouvelles idées et des envies contre-nature. Ils lui ont donné le désir de se reproduire de toutes les manières possibles. Ces vers lui ont fait prendre conscience de leur véritable pouvoir : ils n’empêchent pas seulement la viande de pourrir après la mort, ils lui donnent vie dans l’au-delà.
Draek a alors commencé à construire sa petite famille en engrossant des femmes et en donnant vie à des fantômes. Il s’est ensuite montré au grand jour auprès d’un seigneur du nord en se faisant passer pour un mage servile. Il s’est enrichi et a pu offrir un toit à ses premiers bâtards. Il aurait mieux fait de les jeter dans une mare à crapauds. Il n’a que des garçons, tous plus laids les uns que les autres. Puis il a joué les catins auprès d’autres puissants. Il a vite compris que ses fantômes pouvaient faire de lui un seigneur plutôt qu’un serviteur. En quelques années, il a amassé une fortune, s’est constitué une petite troupe de spectres et de vilains rejetons dressés pour le protéger. Il les a conduits sur des champs de bataille et a offert des victoires faciles à ses alliés. Mais la guerre ne le tentait pas, pas plus que l’or. L’un comme l’autre étaient des moyens au service de son but. Seules ses recherches sur la mort l’intéressaient. Il lui fallait un coin tranquille pour les mener à bien. Un coin facile à prendre et à garder. Un trou perdu habité par des pécores inoffensifs dans lequel il espère trouver le secret de l’immortalité. Mais c’était sans compter sur la visite d’un orkelin bien connu pour sa poisse légendaire !