Fils cadet de Redwin et d’Enïme, ce nain de l’ordre de la Forge est aussi le frère d’Ulrog et de Dréa. Intimement convaincu qu’il n’a pas hérité du talent de Redwin pour la forge ou pour le combat, mais uniquement de sa rage, il a grandi avec la conviction que quoi qu’il fasse, il n’est qu’une source de déception pour son père.
Quand il était enfant, suite à un accident dans la forge familiale, il s’est retrouvé défiguré. Il a perdu son œil gauche et son visage porte à tout jamais les stigmates de brûlures irréversibles. Après les refus successifs de Redwin de lui enseigner les runes de combat, il décide de se contenter des tâches dévolues d’ordinaire aux seconds serviteurs des maîtres de forge. Il grandit dans l’ombre de son frère aîné, bien plus talentueux. Après un incident sanglant pendant leurs entraînements, Jorun décide de se faire quelques économies en vendant la clé de la forge de son père, car il est bien décidé à fuguer vers le nord.
Impuissant face à ce fils rebelle, Redwin prend la décision de le confier à la légion de Fer. Accueilli au sein de celle-ci par Gurdan, il subit les brimades du premier capitaine, Yjron. Ce dernier lui reproche d’être le fils de l’assassin de son père. Pourtant, Jorun hait Redwin peut-être même plus qu’Yjron. Il reproche à ce père absent de ne l’avoir jamais aimé et de lui avoir toujours préféré son frère. Jorun se mure dans une souffrance muette. Faute de prédispositions, il compte sur ses capacités à encaisser pour gagner le respect des poilus de la légion.
La rencontre avec Fodhron, le maître forgeron de la compagnie, qui fut l’apprenti d’Ulrog, son grand-père, va bouleverser sa vie. Fodhron va lui apprendre à forger et à dominer les runes de forge et de combat. Mais, bien que riche de l’immense savoir de Fodhron et de l’expérience acquise à forger, il reste incapable de maîtriser les runes contenues dans l’épée de son père, que celui-ci lui a léguée.
Dans la légion, il va trouver une nouvelle famille et même goûter à l’amour, quoiqu’il s’obstine à tout gâcher. Car Jorun s’est forgé une épaisse carapace et son caractère acariâtre et colérique n’aide pas. Inconsciemment, il se considère comme indigne d’un quelconque amour.
Devenu capitaine forgeron, il commande une troupe engagée dans des combats contre les troupes trolls des mages noirs. Lorsque les combats se rapprochent de son village natal, craignant pour sa mère et sa sœur, il choisit de désobéir à son seigneur et de quitter la légion pour les protéger. Il est rejoint en chemin par Gurdan et, ensemble, ils prennent le chemin de Boronn. Les retrouvailles avec sa mère sont chaleureuses, bien plus qu’avec sa sœur Dréa. Mais le brouillard maléfique se fait de plus en plus pressant, annonciateur de l’arrivée imminente des troupes ennemies. Jorun réussit à persuader sa sœur de quitter le village et d’aller avec Gurdan à la citadelle de Drem, où ils trouveront une caravane remontant jusqu’à Olam-Bakor, où se trouve leur frère Ulrog.
Le lendemain de leur départ, des réfugiés accompagnés et protégés par un Redwin épuisé après des jours de combat affluent à la forteresse. Jorun comprend alors que le fait que Redwin soit seul signifie qu’il n’a pas pu protéger sa mère, Enïme. Il frappe alors violemment son père et le laisse, mourant, entre les mains du docteur de la légion, maître Yd. Le lendemain matin, il découvre que Redwin a quitté la citadelle, emportant avec lui son épée maudite et laissant à un Jorun apaisé celle que son grand-père Ulrog avait forgée.
Pendant des jours, la citadelle subit assaut sur assaut, mais Jorun tient bon. À la fin de la guerre, le seigneur Brum le renvoie de la légion pour désobéissance. Jorun semble en paix avec son passé et notamment avec son père, après avoir lu la lettre que celui-ci lui a laissée avant de partir. Il part alors à la recherche d’une errante du nom de Sibris, la mère de son enfant, afin de commencer une nouvelle vie.
Jorun, tout comme Redwin, est habité par ses démons et combattre la rage qui menace de l’envahir est une bataille de chaque instant. Trop de colère, trop de malheur le hantent encore. Il n’est pas encore prêt à goûter au bonheur. Son destin n’est pas encore écrit, mais il se pourrait bien qu’il se rédige dans le sang !