Nain, fils d’artisan. Son père meurt lorsqu’il a 16 ans, après une agonie sale et interminable due à une exposition répétée à la poudre de plomb. Fou de chagrin et terrifié à l’idée de finir comme lui, Kardum quitte mère et petite amie sans un mot. Il s’enfuit avec les économies que son père avait mis trois décennies à amasser. Ayant eu vent qu’un artisan pouvait faire fortune à la cité-forge d’Airain, il fait voile vers la forteresse, que les nombreuses guerres ont laissée dans un piètre état.
À peine arrivé, il se fait détrousser par les frères d’Arban qui, pour une mystérieuse raison, décident de lui laisser la vie sauve. Kardum les retrouve, les étripaille, récupère son or aux trois-quarts dilapidé. Il rend la politesse à Arban en l’épargnant. Celui-ci jure alors de ne jamais le trahir, et les deux hommes s’associent pour ne plus se quitter. Il fait ensuite la rencontre de Jarm, avec qui Arban et ses frères avaient pris l’habitude de commercer. La cité-forge se tenant assez retirée des autres cités et les bois alentour ayant été infestés de gobelins, il est devenu difficile d’y acheminer des marchandises. L’alcool se fait denrée rare à Airain et les nains étant d’indécrottables soiffards, c’est devenu un produit très prisé. Flairant l’opportunité, après que Jarm leur a fourni un bail commercial, ils se rendent tous deux jusqu’à Kadïm-Raz et s’arrangent pour rapporter, dans un premier temps, quatre cents litres de rouge.
À chaque voyage, ils agrandissent le convoi et en rapportent un peu plus. Partis avec 53 talions, ils finissent par avoir en leur possession un pécule considérable. Ils décident alors d’ouvrir une nouvelle voie à travers la forêt… diversifiant peu à peu leurs affaires jusqu’à devenir aussi riches que des seigneurs.
Mais Kardum voit plus grand. S’il a refusé de prendre la suite de son père, ce n’est certainement pas pour devenir l’un de ces petits seigneurs vivant de divers trafics et se chamaillant pour un territoire ridiculement petit. Il se met alors en tête de racheter les hauts-fourneaux de la cité-forge d’Airain pour y développer le commerce d’armes. Il prend rendez-vous auprès de Derdhr de la banque de Pierre afin d’obtenir un crédit. Après que celle-ci l’a plus ou moins gentiment envoyé paître, Kardum décide de jouer le tout pour le tout : il réinvestit tout l’argent qu’il a amassé dans la réhabilitation des fourneaux sans en devenir propriétaire : ça passe ou ça casse.
Les débuts sont difficiles, et très vite il se retrouve dos au mur. Il tente alors un nouveau coup de poker et scelle un marché avec Jorgul-Brise-Mâchoires, orc voleur, assassin et parjure, sachant pertinemment que celui-ci essayera de le rouler. Comme prévu, au moment de payer, celui-ci se défile et le menace. Kardum, qui s’y était préparé, massacre alors tout son clan et récupère sa tête pour servir d’exemple aux mauvais payeurs. Dès lors, la totalité des clans orcs se mettent à s’étripailler pour savoir qui prendra la succession… et Kardum se fait un plaisir de les équiper.
Peu de temps après, alors que les affaires ont enfin repris, il fait la rencontre de deux elfes sauvages, Scili et Layss, qui sont sur le point d’être sacrifiées par un groupe d’orcs. Kardum les fait libérer en échange de leur promesse de le servir. Elles deviennent ses gardes du corps en plus de ses amantes. Car si sa fortune grandit, le nombre de ses ennemis aussi.
Kardum va enchaîner les victoires et les revers. Il va finir par tout perdre, argent comme amis. Il se fait des ennemis puissants et malgré tout quelques alliés intéressants. Mais c’est un nain malin et un fin stratège, capable de trouver en lui les ressources pour se relever des pires épreuves. Cela, Derdhr du Talion, l’une des plus puissantes et riches bavettes d’Arran, va l’apprendre à ses dépens.