C’est un orkelin aux yeux bleus, une créature bâtarde mi-orc, mi-gobelin. Une constellation de cicatrices recouvre sa peau. Il paraît qu’il était mignon avant, enfin d’après sa maman, mais mignon avec un méchant caractère ! Assassin et voleur hors pair, il est l’un des meilleurs mercenaires de la compagnie grise ! Hélas pour lui, il souffre d’une encombrante malédiction : la déveine. La Poisse attire les coups du sort comme personne. Et c’est une tradition familiale, son père, son grand-père et leurs aïeuls avaient, eux aussi, une méchante guigne. Tout ça parce qu’un sorcier arriéré a maudit l’un de leurs ancêtres il y a de cela des siècles. Depuis, génération après génération, tous les premiers-nés de chaque fratrie de la famille se coltinent le fardeau.
Rien d’étonnant donc à ce qu’il se réveille dans une cité emplie de cadavres, avec deux lames plantées dans son dos. Même s’il est bien tenté de retirer les lames qui lui épluchent les omoplates, il ne tente rien car il risquerait de se vider jusqu’à la mort. En avançant, il découvre les dépouilles de ses compagnons d’armes pendues à un arbre. Alors qu’il se demande quelle attitude observer, il tombe nez à nez avec le fantôme de Pépère, qui n’est autre que son grand-père mort, il y a vingt et un an. Puis quatre vilains passent sous son nez en l’ignorant. Il doit se rendre à l’évidence : il est lui aussi devenu un fantôme. Bien que fantôme, il apparaît qu’il sent encore la douleur, ce qui fait penser à Pépère que c’est anormal et que son petit-fils n’est peut-être pas tout à fait mort, à cheval entre deux mondes.
La théorie se confirme quand son ami L’Asticot, le seul survivant avec La Poisse de la compagnie Grise, remarque qu’il n’est pas encore tout à fait trépassé et réussit à le réanimer. À cet instant, le fantôme de La Poisse réintègre son corps et l’orkelin malchanceux respire à nouveau. Mais les galères ne font que s’enchaîner et L’Asticot va se faire tuer tandis que La Poisse va devoir s’enfuir. L’orkelin réclame vengeance et il va imaginer un plan pour se venger de Draek et ses acolytes. Même si son premier plan tombe à l’eau, il ne va pas se laisser démonter, en comprenant mieux son ennemi le seigneur Draek et l’origine de ses pouvoirs. Il élabore un nouveau stratagème, qui lui permet de massacrer le seigneur Draek et ses hommes.
On retrouve, par la suite, La Poisse dans une nouvelle aventure sur l’île sacrée des elfes blancs où il rencontre la jeune Alyana. Quand elle se réveille d’un sommeil forcé, tout le monde a disparu. La première chose qu’elle découvre, c’est la tête de lamproie de La Poisse. L’orkelin a pour mission de la garder en vie et ce n’est pas chose aisée. Il est aux ordres de cinq seigneurs desquels il ne sait presque rien, car ils effacent régulièrement une partie de sa mémoire afin d’assurer leur sécurité. Il se souvient juste qu’ils ont des planques partout et qu’ils influent sur tous les événements qu’ils jugent décisifs pour le monde. Ce sont de vrais fantômes. Il les soupçonne même de vivre dans l’ombre depuis des milliers d’années. Quant à leur chef, l’Aruspice, c’est un foutu sorcier capable de voir l’avenir dans les tripes.
La Poisse lutte sans relâche pour protéger Alyana, mais l’ennemi qu’il combat est bien trop fort pour lui seul. Alors qu’il pense avoir perdu la petite, l’Aruspice le rejoint et lui révèle qu’elle n’est pas encore morte. Ils retrouvent Alyana, qui comprend qu’ils ont tous été abusés par l’Aruspice. Elle tente de l’empêcher de libérer les fléaux. Mais l’Aruspice ordonne à la Poisse de tuer la mère de la petite qui est aussi présente. Mais c’est mal connaître l’orkelin, car le mensonge, la trahison, les marchés de dupes, la mort sont son quotidien, ça fait longtemps qu’il y est habitué. Il n’est même bon qu’à ça. Mais suriner une mère devant sa gosse, c’est contre tous ses principes. Il va se retourner contre son employeur.
La Poisse est désormais dans de beaux draps : il sait qu’un jour ou l’autre son employeur le retrouvera et lui fera payer cette trahison. En attendant, il reste auprès d’Alyana qui ne lui donne pas vraiment le choix. Mais sous ses airs de gros dur, ce vétéran s’attache à la petite, au point qu’il est le seul avec Tenashep en qui la gamine a vraiment confiance, et progressivement une relation de confiance un peu comme celle d’un père à sa fille se noue entre eux deux. Il reste aux côtés de la petite pour affronter les Fléaux et quand Alyana, submergée par la douleur de la perte de sa mère, déchaîne les enfers autour d’elle, il devient la voix de la raison et reste près d’elle.