Bien installé dans sa tour blanche au nord d’Aspen et servi fidèlement par l’orc O’ogur, le maître a kidnappé des décennies durant de jeunes orcs pour les former et en faire des armes. Il leur a fait vivre mille tourments et les a forcés à s’entretuer pour qu’en émerge le plus fort. Le plus fort, ce fut Gri’im, il en fit son maître de guerre, le général de ses armées. Il lui grava des symboles à même la peau. Il expérimenta sur son corps une magie qui aurait dû le tuer, comme elle en avait tué des dizaines d’autres avant lui. Pourtant, Gri’im survécut. Pour le maître de la tour, Gri’im a soumis les clans de la vallée et formé une armée.
Cette étape franchie, il pouvait enfin exaucer ses désirs de vengeance à l’encontre de la cité de Talhance, car il avait un contentieux avec le roi de la cité et son sorcier. Ces derniers l’avaient chassé comme un chien et avaient ensuite tenté de le faire assassiner. Le maître s’était juré de revenir et de leur faire payer son exil et Gri’im était l’instrument de sa colère. Mais les choses tournèrent mal. Les rois des archipels se liguèrent contre eux et ils durent fuir. C’est alors qu’il prit la lâche décision de sacrifier ses hommes pour couvrir sa fuite. Il brûla ses propres navires, obligeant ses hommes à combattre pendant qu’il regagnait le nord avec une poignée d’orcs. Les plus chanceux d’entre eux moururent ce soir-là, les autres, comme Gri’im, tombèrent aux mains du sorcier de la cité de Talhance qui pratiqua toutes sortes d’expériences dans l’espoir de s’approprier le savoir du maître de la tour blanche.
Par la suite, du haut de sa tour, vieillissant, il tenta de survivre à l’avènement de Lah’saa, perdant la plupart des orcs qu’il lui restait. Puis, lorsque l’immense faille d’Aspen fut créée par l’elfe bleue Lanawyn à l’aide du crystal bleu, pour échapper à Lah’saa et son armée de goules, il sentit une ancienne magie. À trois cents jetées à l’ouest d’Aspen, sur la berge nord de la faille, il découvrit une caverne contenant trente-trois sarcophages, hauts de deux pas, larges de trois et longs de sept. Il connaissait la magie qui scellait ces sarcophages. C’était grâce à elle qu’il avait fait de Gri’im un guerrier parfait. Ce n’était pas de la sorcellerie humaine. C’était un art plus ancien interdit et maudit qui mène les esprits faibles sur le chemin de la damnation. Il brisa les sceaux de protection et libéra les créatures contenues dans les sarcophages, d’immenses gorilles géants. Il tenta d’utiliser son propre sang pour s’accaparer leur puissance.
Mais le maître de la tour avait sous-estimé le pouvoir des monstres anciens. Leur corruption le consuma. Lorsque qu’enfin Gri’im retrouve son maître pour assouvir sa vengeance, la victoire a un goût bien amer, car ce dernier est mourant. Ce qui n’empêche pas l’orc de lui donner le coup de grâce, en le décapitant et en lui arrachant son pentacle de protection du cou.