Il y a des siècles de cela, Deoran Ier entreprit l’unification des terres du Léhon. Il donna naissance à une lignée de Rois Guerriers qui s’est maintenue intacte au fil des générations. Rassemblant sous leur coupe les différents tribus et clans, les rois successifs ont bâti un royaume sur l’autel de la guerre et des conquêtes. Plus avisées qu’on ne pouvait le penser, ces conquêtes ont servi de socle à la société du Léhon. En effet, les membres des anciennes familles et clans, ainsi que les officiers et guerriers méritants, ont rapidement formé la nouvelle noblesse autour du roi. Ce partage des terres acquises ou ralliées par voie de vassalisation permit de fonder le système social actuel.
Le roi Arban fut le digne successeur de cette noble lignée de Rois Guerriers, régnant sur le Léhon. Depuis la capitale située dans la région des Basses-Terres, il contribua à faire prospérer son pays. Grand amateur de littérature, il conjugua toute sa vie savoir et entraînement martial, sans jamais omettre ses devoirs de suzerain. Respectant un emploi du temps rigoureux, il ne laissa que peu de place au plaisir. Il se forgea une carapace et apprit à rester impassible en toute occasion, tellement bien que nul être, pas même sa défunte épouse, n’était capable de percer le fond de ses pensées.
À chaque fois que des troubles menacèrent le pays, il chercha toujours à faire prévaloir la diplomatie sur la guerre, mais sans jamais montrer la moindre faiblesse. Lorsque les pourparlers échouaient, il ne rechignait pas à prendre sa part dans la bataille à la tête de ses armées.
Il est connu pour s’être illustré lors de grandes batailles, inspirant ses troupes par l’exemple. Notamment lorsqu’il mena son ban et son arrière-ban vers Kernor’Draz grâce au pont d’Akaram’or’ktar nouvellement reconstruit par les Nains. Il put reconquérir le Nord qui était en proie aux hordes qui assiégeaient la cité-État des Nains de Kernor’Draz. Trois jours durant, Orcs, Nains et Hommes guerroyèrent dans le chaudron de Draz et ce fut un véritable massacre, lors duquel, une fois de plus, le roi Arban s’illustra. À l’aube du quatrième jour, dans un silence glacial, les corps de leurs ennemis recouvraient entièrement le sol enneigé.
Ce monarque au port altier eut une fin de règne bien triste, avant son trépas dans des circonstance des plus douteuses. Il assista impuissant à la mort de ces plus proches héritiers, victimes d’empoisonnement, d’étranges accidents, ou d’énigmatiques disparitions… Il mourut prématurément, et c’est un de ses plus puissants vassaux et lointain cousin, portant le sobriquet de Silurce le Gros, qui lui succéda.