Plutôt beau gosse pour un orc, il faut dire qu’il n’est pas un orc pur race : le loustic est certainement coupé avec un elfe et c’est peut-être pour ça qu’il est si calculateur. Lorsqu’il se réveille, sonné, blessé et amnésique, il n’a encore aucune idée de ce qui va bien pouvoir encore lui tomber dessus. Il arpente les rues d’une cité qui semble abandonnée. En cherchant un endroit en hauteur qui lui permette d’avoir une vue d’ensemble des lieux, il est pris pour cible par un mystérieux archer. Il est partagé entre deux sentiments : un mélange de haine féroce et de joie indicible ! La haine, parce qu’il est pris pour cible, la joie, parce qu’il y a quelqu’un d’autre sur cette maudite île ! Fuyant l’archer, il décide de se mettre à l’abri. Il entre dans une bâtisse, histoire d’attendre patiemment que son ennemi passe par là. En son for intérieur, il se promet de faire subir une souffrance vengeresse bien violente façon « abattoirs de Karshek » au maudit archer qui le poursuit.
Au fil de sa progression, il perçoit le son d’une respiration. Il comprend qu’il y a du monde, environ une dizaine de gars au jugé. Du monde qui roupille en plein jour. Turuk n’est pas serein. Une vilaine odeur vient chatouiller ses naseaux, celle d’une foutue bouffe avariée comme si on avait laissé crever une dizaine de yacks dans une pièce fermée. Contre l’avis de son maître, il a toujours été un vilain curieux alors, forcément, des ronflements et une odeur de viande pourrie, ça l’attire comme une belle bouse bien grasse attire une mouche. Avec sa pierre à feu et un bout de bois qui traîne par là, il improvise une petite torche pour avoir un peu plus de clarté. Il suit son instinct, son ouïe et surtout cette odeur putride qui le mène vers les ronfleurs. Même s’il ne le devine pas sur le moment, il tombe nez à nez avec un groupe de goules féroces qui commencent à se réveiller. N’écoutant que son instinct, il se met à cavaler en sens inverse.
Une fois à l’extérieur, il comprend que les goules ne le suivront pas à la lumière du jour et il ne faut pas être sorti de l’entrejambe d’une elfe pour en déduire qu’une fois le soleil couché, ce sera une autre paire de manches. Il fait aussi l’amer constat que, pour le moment, les seuls êtres plus ou moins vivants sur cette île n’ont qu’une idée en tête : le boulotter ou lui planter un trait dans le cuir. Turuk n’est pas le genre d’orc qui se pose en victime et il décide de prendre les choses en mains.
Il finit par se souvenir qu’il était retenu dans la prison d’Armuhr, située au cœur de la forêt de Daëden, une geôle à la sinistre réputation dont l’écho résonne funestement dans tous les caberlots des sales types qui peuplent les terres d’Arran. Les matons sont des elfes sylvains, mais les prisonniers, eux, sont de toutes les races. La lie de ce monde, enfin pas tout à fait, des violeurs, des meurtriers, des opposants politiques, tous ceux que les cours de justice, du nord au sud, condamnent parfois de manière peu équitable... Mais pour le reste, on y trouve surtout des prisonniers de guerre. C’est de cet endroit que le semi-orc Turuk et ses compagnons allaient se faire la belle. Il se rappelle le marché passé avec Ayraak, un mercenaire avec qui il avait quelques atomes crochus, pour les aider à s’échapper, grâce à des dragons, deux beaux dragons envoyés par le mercenaire pour les libérer.
Ça faisait plusieurs mois que Turuk préparait cette évasion avec soin, dans la plus grande discrétion, grâce à des messages qu’il parvenait à faire passer à Ayraak. Même ses compagnons de geôle n’étaient pas au parfum. Alors que leur évasion est plutôt bien partie, ils sont pris en chasse par trois elfes montés sur de rapides aspics volants. Heureusement, contrairement aux elfes, ils ont deux cracheurs de feu. Ils font donc volteface et attaquent et là, c’est la grosse grillade. Mais la femme elfe joue de malignité et conduit sa monture avec une agilité hors norme. Elle plonge dans les nuages, puis réapparaît sans crier gare. Elle finit par tirer tant de traits dans les deux dragons qu’ils commencent à piquer vers le sol… Pour finir par s’écraser sur cette île.
Turuk finit par retrouver ses deux compagnons, Firr et Rondach. Il les amène dans le repaire qu’il a préparé. À la nuit tombée, ils voient les hordes de goules envahir la cité. Le lendemain, ils se mettent à la recherche de l’elfe et, au lieu de la tuer, Turuk décide d’en faire son alliée. Ils se rendent tous les quatre à la maison des archives qu’ils doivent nettoyer de toutes les goules qui s’y trouvent avant de pouvoir explorer le bâtiment. Ils découvrent qu’ils sont à Iruan, au sud de la prison, à 15 lieues au sud-ouest de la Lombardie. En épluchant les cartes, il finit par trouver une solution. Et puis, tout merde ! Goules et monstres s’enchaînent et cette fois, Turuk risque bien d’y passer. Mais une chose est sûre, l’animal a autant le don de se mettre dans la mouise qu’il a du génie pour s’en sortir.