Attention spoiler - Légendaire orc surnommé Silence, il est le père de Kerl et le grand-père des orcs Yaraun et Klurn. Avant la mort de sa famille, c’était un sacré orc, un de ceux qui rient à la face de la mort chaque fois qu’elle approche. Tous les orcs auraient rêvé de voir autant de batailles que lui sans jamais finir à genoux, la couenne criblée de flèches ou les tripes à l’air. Mais pareille chose est une malédiction, car quand la mort ne te prend pas, elle emporte tous les tiens et c’est ce qui est arrivé à Yudoorm. Il perdit plus que n’importe lequel des orcs de sa troupe actuelle et il dut vivre encore longtemps avant de se rendre compte que rien ne remplace ceux qui partent. C’est d’ailleurs de cette même manière, et de façon à faire son deuil, que ce légendaire orc voit encore les fantômes de sa famille défunte et cela malgré les potions données par son fidèle second le gobelin Freill.
Dans sa jeunesse, Yudoorm n’a pourtant rien de remarquable. Il paraît qu’il est juste un peu moins vantard que les idiots de son âge. Il participe à sa première bataille à ses quinze ans. Par la suite, il intègre la compagnie dans laquelle servent son père et son grand-père et combat de longues années à leurs côtés. Il se fait les crocs sur des adversaires plus expérimentés que lui et devient rapidement un guerrier respecté, un de ceux qui sont admirés en première ligne, un de ceux qui reviennent plus rouges que verts d’un combat. C’est à cette époque qu’il fait la rencontre du gobelin Freill, qui devient par la suite son fidèle compagnon d’aventure. En effet, sa compagnie l’achète à un marchand d’esclaves pour qu’il devienne l’apprenti du guérisseur de la troupe.
Un jour, Yudoorm le trouve en train de chier sur les flèches des gars de la compagnie, il l’embauche comme second et lui accorde le droit de frayer avec les guerriers. Alors que la compagnie se tient au sud d’Orkadia, une troupe de mangeurs de plaines montant des sanpurochs les attaque et la compagnie est décimée. Yudoorm rend sa liberté à Freill mais comme ce dernier n’a rien à faire de sa vie, il préfère le suivre. Par la suite, tous deux vivent une vie bien différente de celle des batailles, et lorsque Yudoorm voit naître son fils, Kerl, son amour pour son premier-né rivalise avec sa passion pour la guerre.
Cependant, quand son clan demande à Yudoorm de reprendre les armes pour verser du sang, il s’y résout à contrecœur, appelé au combat pour une simple dispute entre deux familles orcs qui se sont entretuées pour une histoire de vaches volées. Lors de cette guerre, il devient un guerrier de renom. Il affronte le légendaire Juaragm, un orc tueur de dragons, qu’il tue en silence. C’est pourquoi les orcs commencent à l’appeler silence. Et de combat en combat, Yudoorm vainc les plus grands orcs de sa génération. Il devient capitaine, tous les orcs de son clan veulent se battre sous ses ordres. Ses gars commencent à l’imiter, à taper comme lui, à ne plus brailler durant les batailles, gardant le silence dans le chaos des mêlées. C’est beau à voir !
Mais comme toutes les bonnes choses, cette guerre a une fin et lorsque Yudoorm et sa compagnie rentrent, ils découvrent leur village anéanti par le clan de Juaragm. Ils ont tué sa femme et coupé la langue de tous ceux qui ont tenté de les arrêter. Tout ça pour provoquer Yudoorm et laver l’affront subi par leur foutu héros. À peine arrivés au village, Yudoorm et Freill repartent en quête d’une sanglante vengeance, accompagnés par son fils Kerl et quelques orcs du clan. Ils trouvent facilement leurs ennemis qui ne se cachent pas vraiment. Alors que la bataille fait rage, pour éviter une énième guerre, Yudoorm propose aux anciens de la guerre des vaches de les affronter tous en même temps, à sept contre un. Ils acceptent et l’attaquent comme des meutes de chiens de chasse dressés par les hommes pour se jeter sur les sangliers. Mais Yudoorm fait ce qu’il fait de mieux : il les massacre ! Le combat est moche, il saigne comme jamais et il prend soin de garder un adversaire vivant, tel un cadeau pour son fils, qui marche sur les pas de son père. Kerl a alors à peine douze ans lorsqu’il tue son premier ennemi.
Après cela, Yudoorm et son fils descendent dans le sud et se mettent au service des compagnies de mercenaires qui ont besoin d’un peu de savoir-faire. Partout où ça saigne, il se fait défier ou acclamer sous le nom de Silence. Il se bat toujours avec la férocité d’un ours affamé, pourtant il ne cherche pas la gloire. Il sait apprécier les moments de paix et réapprend petit à petit à sourire de nouveau. Il mène une vie simple en compagnie de Freill, regardant Kerl grandir et devenir père à son tour. C’est non loin d’un champ de bataille que les deux petits-fils de Yudoorm naissent, des jumeaux nommés Yaraun et Klurn. Qui eût cru qu’un gars comme lui pouvait pousser la chansonnette devant des gosses. Il leur apprend tout ce qu’il sait, sur la mort, la vie, la guerre, et c’est ainsi que la famille de Yudoorm grandit petit à petit. Mais, même si Yudoorm et sa famille ne cherchent pas la mort, se contentant de vivre selon les lois du fer, rien ne dure éternellement…
Ils se moquent bien d’où ils vont, tant qu’ils y vont. Et comme beaucoup d’orcs ont envie de suivre Yudoorm, il finit bientôt par monter sa propre compagnie, dont le nom trouvé par Freill est « Silence ». Ils sont pas mal demandés, et se mettent aux services de mages, de princes ou de généraux. C’est après avoir ramené une reine dans son royaume du nord que la compagnie de Silence est appelée pour un nouveau boulot : le seigneur Irt’lortyss demande d’appuyer ses troupes pour chasser des mercenaires et des marins du sud qui prennent beaucoup trop leurs aises dans ses ports. Ils doivent en tuer juste assez pour faire fuir les autres.
Mais la mission dure plus longtemps que prévu et ils restent coincés sur l'île pour l’hiver. Et, par ailleurs, le seigneur ne les paye même pas, parce qu’ils n’attrapent rien d’autre que des rhumes. Alors la seule solution est de faire passer le temps en picolant. C’est ainsi qu’ils trouvent les foutus mercenaires du sud, dans une des tavernes de l’île. La compagnie de Yudoorm aurait peut-être dû en désosser quelques-uns pour remplir ses bourses, mais les gars sont irrités par le comportement du seigneur Irt’lortyss. Donc, au lieu de cela, ils trinquent avec ces derniers. C’est alors qu’ils croisent le chemin d’un homme nommé Lyrengen, qui est à l’époque à la tête d’un petit groupe. Sous ses airs de crapule et de bouffon, Lyrengen est un meneur d’hommes et un sacré malin. C’est lui qui a conduit tous ces mercenaires sur l’île sans jamais prendre leur commandement. Il faut aussi reconnaître que c’est un orateur hors pair : il peut manipuler quiconque avec ses paroles et sa ruse.
C’est avec des paroles enjôleuses qu’il réussit à convaincre la compagnie Silence de l’orc Yudoorm de le suivre dans sa quête au trésor. La plupart des compagnons meurent, face à l’armée de soldats ennemis. Cette canaille de Lyrengen les a menés par le bout du nez droit dans un piège : le trésor n’est pas perdu, il appartient au seigneur Irt’lortyss et il est bien gardé. Les orcs Yaraun, Kerl et Klurn en font les frais. Ils sont faits prisonniers par les gardes du seigneur Irt’lortyss dès leur sortie des grottes dans lesquelles se trouve le trésor. Ils meurent dans d’atroces souffrances, enfermés dans un puits oublié du monde extérieur. Yudoorm ne se relève pas et reste prostré sur l’île durant des années, ce qui provoque la dissolution de la compagnie.
Mais la roue tourne et vingt ans après ce désastre, Yudoorm et son compagnon Freill découvrent la vérité et partent en quête de vengeance contre celui qui a manigancé tout ça. Pas à pas, ils parcourent le chemin menant à la forteresse des Écorcheurs, qui abrite en son sein Lyrengen. À l’aide d’un subtil stratagème, Yudoorm fait croire aux mangeurs de plaines que l’un des leurs a été tué par les hommes de Lyrengen, de sorte que ces derniers lancent une effroyable attaque contre la forteresse. Ainsi, les orcs de la compagnie de Yudoorm n’ont qu’à les suivre à la trace pour se frayer un passage dans la forteresse et atteindre le meurtrier de la famille de Silence. Yudoorm le retrouve, et le tue en lui ouvrant les intestins devant ses fidèles serviteurs. C’est ainsi qu’il assouvit sa vengeance. Et à la fin, il ne reste que lui et Freill, encore et toujours ensemble.