Une faille immense sépare le monde d’Aquilon en deux : d’un côté, il y a les terres d’Arran et de l’autre, il y a l’Est sauvage, plus communément appelé les terres d’Ogon. Il n’existe qu’un seul moyen connu de passer d’un territoire à l’autre : on ne peut traverser à dos de dragons ou de volants, car une malédiction les fait pourrir dès qu’ils dépassent la frontière : en bateau, ce n’est pas non plus envisageable, car les navires sombreraient inévitablement dans le gouffre vertigineux qui sépare l’océan en deux. Quant à la magie, celle des terres d’Arran ne fonctionne pas dans celles d’Ogon et vice versa. Le seul moyen connu pour accéder d’un continent à l’autre, c’est de traverser le bras de terre qui relie les deux régions entre elles.
Ce territoire est la propriété des nains de l’ordre du Talion. Il est barré par un édifice aux proportions vertigineuses, réalisé par les bâtisseurs nains des temps passés. Haut de plusieurs centaines de mètres, il s’étend du nord au sud, plongeant à chacune de ses extrémités dans l’océan. L’intérieur est à l’image de l’extérieur, immense et austère. De hautes statues de fiers soldats nains, armés, posés sur des socles de pierre, les bras croisés et le regard sévère, toisent d’un œil inquisiteur les étrangers lors de leurs traversées. Les aventureux qui s’engouffrent dans le mur deviennent timides et frémissants, écrasés par tant de grandeur. Que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur, l’édifice est embelli par des gravures de runes naines. Elles n’ont pas seulement un rôle décoratif, elles sont aussi structurelles et défensives. La grande porte s’ouvre à l’aide d’une herse en métal sombre, aux pointes acérées, dotée d’un système alliant ingénierie et fer forgé. Elle est gardée par des nains peu commodes, gardes et administrateurs du Talion, ainsi que par une véritable armée de cognars nains, qui assurent la sécurité tout le long de la frontière et doivent bien souvent faire face aux hordes d’ogres qui se disputent la région.
Il y a de nombreuses légendes qui courent sur ce mur et sa création, notamment celle d’un dieu qui aurait séparé les terres d’Arran des terres d’Ogon naguère, pour d’obscures raisons. Les nains devinrent les gardiens du mur et depuis, ceux d’Ogon ne cherchent même pas à passer en Arran par respect pour la décision de leur dieu, contrairement aux natifs des terres d’Arran, moins respectueux des légendes et autres coutumes, qui empruntent ce passage pour se rendre dans l’est sauvage. Pour la plupart, ce sont des marchands, artisans, explorateurs ou cartographes… qui repasseront le mur après avoir collecté des denrées, des objets, des épices ou tout autre chose qu’ils pourront revendre à prix fort en terres d’Arran. Pour le prix de passage, c’est 23 écus si c’est pour commercer, seulement 17 écus s’il s’agit d’une simple visite, et c’est 24 écus si on est accompagné d’un orc, parce qu’apparemment, pour les culs-verts, c’est plus cher. Comme le dit une vieille maxime : « Avec le Talion, tu l’as droit dans le fion ». Puis il faut aussi payer sa dîme à l’ordre nain non seulement à l’aller, mais aussi au retour, pour ceux qui survivent au voyage en tout cas, car nombreux sont ceux qui ne reviennent jamais des terres d’Ogon.