Depuis des millénaires, de puissants royaumes nains s’étendent au nord et au sud de l’Ourann. Si les enfants d’Yjdad ont réussi à conserver une grande partie de leurs forteresses-États dans le sud, ce fut une autre paire de manches dans les territoires du nord. Siècle après siècle, ils ont dû défendre bec et ongles la moindre parcelle de terre : ils durent lutter contre leurs sombres cousins, les nains d’Ufgrim qui, après la guerre civile naine qui eut lieu à un autre âge de ce monde, s’implantèrent durablement dans ces contrées. À l’époque, ils contrôlaient six forteresses-États et une trentaine de citadelles et ils assiégèrent Arkar’Um pendant près de trois siècles, jusqu’à l’intervention des légions du sud qui réussirent à les repousser dans le massif d’Ufgrim. Ils bâtirent alors Talas-Kadrum, le rempart aux corbeaux, pour les contenir durablement.
Si la supériorité numérique des nains face à leurs maléfiques cousins a fini par leur donner l’avantage, il n’en est pas de même face aux terrifiants ogres. Car le royaume nain a une frontière commune et montagneuse avec l’un des deux plus grands territoires ogres des terres d’Arran. Et lorsque ces hordes envahissent l’ouest, il est difficile de leur tenir tête, surtout qu’on parle de bestiaux cornus de plus de deux mètres cinquante, avides de sang et de carnage. Dans ces cas-là, il vaut mieux se terrer dans les forteresses et prier Yjdad qu’ils se lassent et retournent au plus vite dans leurs pays à l’est. Avec le temps, les nains ont bâti des remparts et des citadelles appelées portes pour fermer les passages à travers les montagnes et empêcher les ogres d’envahir à nouveau leurs royaumes.
Mais leurs territoires sont aussi contestés par les innombrables clans orcs et gobelins, implantés depuis toujours sur ces terres, et les conflits entre nains et culs-verts sont continuels. Chaque génération affronte son lot de guerres et de souffrances, renforçant les haines ancestrales. Depuis quelque temps déjà, la présence des hommes se fait aussi plus pressante, leurs cités s’élèvent un peu partout. Il est vrai que ces deux peuples, nains et hommes, commercent entre eux et qu’il règne une entente cordiale. Mais jusqu’à quand ? Car les hommes prospèrent et pullulent aussi vite que les culs-verts. Un jour ou l’autre, cela risque bien d’être au détriment des fils et des filles d’Yjdad.
C’est un miracle que les poilus règnent encore sur autant de territoires, miracle qui s’explique en partie par la détermination sans faille de la race la plus bornée des terres d’Arran. Il est clair que l’ordre du Bouclier opère en permanence sur plusieurs théâtres d’opération et les cognars de l’ordre sont continuellement sous pression. Pour les rois des différentes forteresses-États, c’est une lutte sans fin. Même les riches gisements, qui leur rapportent des fortunes, ne sont plus suffisants pour financer les conflits et permettre en même temps l’entretien de leurs citadelles et forteresses. C’est pour cela qu’ils s’endettent, génération après génération, auprès des banquiers de l’ordre du Talion.
Nul ne peut prédire si les forteresses-États contrôleront encore ces vastes territoires dans quelques siècles. Mais tout poilu digne de ce nom donnerait sa vie pour les terres qui l’ont vu naître. Car c’est une contrée sublime, riche et variée, bordée par l’océan et de grandes chaînes de montagnes aux neiges éternelles. De grandes rivières poissonneuses irriguent la vallée, d’immenses prairies et des forêts éparses sont battues par les vents et alternent avec de vastes zones arides et rocailleuses. Il est possible que le plus grand chantier des terres d’Arran, cette route qui doit permettre de relier les forteresses-États du nord et du sud à travers tout l’Ourann, apporte un souffle nouveau au territoire des nains du nord.
Cette forteresse naine a été réhabilitée dans le but d’offrir une seconde ligne de défense en cas d’attaque des nains d’Ufgrim. Elle est la forteresse naine la plus proche des remparts de Talas-Kadrum. Il y a un fort contingent de cognars du Bouclier en poste. Ce sera aussi la première forteresse à être détruite lors du retour des armées d’Ufgrim.
Cette antique forteresse-État symbolise la toute-puissance des nains du nord, elle est la plus importante de la région. Située au nord-est du pays des Vents, elle est dirigée d’une main de fer par le vieux roi Bërark. Ses armées menées par le défunt général Abokar du Bouclier ont donné une certaine stabilité à cette région où les peaux-vertes sont plus nombreux que toutes les autres races réunies.
Au fil du temps, la cité a été mille fois assiégée. Pourtant, elle tient toujours bon. Car ses défenses héritées d’un autre âge ont été conçues et améliorées par les meilleurs maîtres bâtisseurs de l’ordre du Temple. Ses murs sont deux fois plus épais que ceux de n’importe quelle autre forteresse et son accès de forme circulaire bénéficie de plusieurs portes et herses. Elle profite aussi de plusieurs lignes de remparts qui s’élèvent de plus en plus haut vers son cœur. L’arrière de la cité est adossé à une grande montagne et une partie de la ville s’enfonce dans ses entrailles. Elle jouit de ses propres sources et de son lac souterrain. En cas d’attaque, la cité peut vivre en autarcie presque indéfiniment. Car suite au siège des nains d’Ufgrim qui dura près de trois siècles, tout fut mis en place pour assurer l’autosuffisance d’Arkar’um.
L’ordre du Bouclier est fortement implanté dans la cité. Il y possède ses propres quartiers et forme, génération après génération, des milliers de guerriers. Cette ville fait la fierté de tous les nains du nord. Pour un poilu de la région, être enterré dans la crypte sacrée d’Arkar’um est un honneur sans nom.
Fier bastion nain, digne du savoir-faire ancestral des bâtisseurs de l’ordre du Temple, il s’élève à l’ombre d’une montagne excavée par de robustes poilus depuis des générations. Krüg-Daraz domine une vallée fertile du nord de l’Ourann, alimentée par une rivière sinueuse, à plus d’un millier de kilomètres de la puissante forteresse-État d’Arkar’um. De hautes et épaisses murailles protègent l’enceinte de la ville. Les rues sont larges et pavées, comme tirées au cordeau, bordées par les
nombreux ateliers, échoppes et habitations aux toits bleus.
Deux fantastiques bâtiments font la fierté des habitants de la cité.
Le premier est un imposant temple au toit en dôme, à la gloire d’Yjdad et d’Yjgrun ainsi que de leurs 33 marmouses et 213 petits-marmouses. L’immense entrée est gardée par deux statues aux proportions démesurées. Un long tapis tissé de bleu traverse tout l’édifice vers l’autel, qui est surmonté d’une représentation du Père et de la Mère. De chaque côté des colonnes, de simples et robustes bancs offrent une assise austère aux nombreux dévots qui assistent aux prêches quotidiens.
Le second édifice notable est la résidence du roi de Krüg-Daraz, véritable forteresse dans la forteresse, reliée à la montagne par un viaduc de pierre. Ce palais se pare de grands vitraux par le prisme desquels on peut apercevoir une grande partie de la région. Il domine la cité et s’élève aussi haut que la montagne à laquelle il est rattaché. Les premiers étages sont réservés aux membres de la garde du Bouclier, ainsi qu’aux artisans royaux. Au sommet, on trouve les salles de réception, la salle du trône, les appartements royaux et ceux dédiés aux conseillers et aux hôtes de marques. Différentes ailes de l’édifice sont aussi réservées aux serviteurs et aux nobles de moindre importance.
Lors des banquets, l’odeur des feux de cheminée se mêle aux parfums des mets succulents qui vous chatouillent les narines, tandis que le son des musiciens se fond dans les gloussements et les braillements des nains. L’hydromel coule à flots. Il est d’ailleurs connu que beaucoup de poilus ne se souviennent plus de leur soirée de la veille. Après avoir participé à une telle orgie de vin et de boustifaille, on peut facilement se retrouver dans de beaux draps, surtout quand on se réveille dans le lit de la reine et qu’on n’est pas le roi, pour ne pas citer le comportement du nain Tadgar qui, avec sa troupe de nains dévergondés, met un beau bazar à Krüg-Daraz. Sans vraiment le vouloir, comme à leur habitude, ils provoquent une série d’événements qui met cette belle cité à feu et à sang.
Limite septentrionale des terres naines, la forteresse protège les royaumes des incursions des ogres et des orcs. Il existe de nombreuses portes construites par les nains du nord, elles permettent aux stratèges du peuple d’Yjdad d’orienter, voire de bloquer, les hordes ou les armées hostiles. Elles servent aussi de places fortes à des régiments de cognars du Bouclier qui protègent les lieux alentour et peuvent donner l’alerte en cas d’invasion.
La porte de Loram ou la porte des Tor permettent de diriger les orcs le long des fleuves pour les piéger dans des zones stratégiques. La plus importante et la plus connue de ses constructions reste la porte des Grav, qui possède sa propre forteresse et contient les nuées d’ogres se trouvant à l’est.